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28 février 2013

Bisbille autour de la télégestion à Paris

Le département de Paris projette de généraliser, dès octobre 2013, la mise en place de systèmes de télégestion et de télétransmission dans les structures d’aide à domicile. Mais la charte précisant les modalités de ce fonctionnement concoctée par la Direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé (Dases) de Paris n’est pas du goût de tous les professionnels. Principal point d’achoppement : l’horodatage des interventions basé «sur le réel» des heures effectuées. Qui, au contraire, ne reflèterait pas toutes les subtilités et les exceptions des situations sur le terrain...

En automatisant les relevés de temps de présence des intervenants à domicile, la télégestion représente un atout indéniable dans l’amélioration de la qualité des services d’aide à domicile, et dans la transparence entre les structures et les conseils généraux, qui peuvent ainsi avoir une information plus fiable sur l’effectivité des prestations payées. Mais cette récupération de données via le « pointage » des intervenants, « basé sur le réel » pour justifier des heures de début et de fin d’intervention, ne laisse guère d’interstice aux imprévus du quotidien, pourtant légion dans cette profession. Quid, ainsi, des aides à domicile arrivant à l’heure au domicile du bénéficiaire, qui attendent un quart d’heure devant la porte, la personne âgée n’ayant pas entendue la sonnette ? Quid de certaines personnes aidées qui oublient carrément l’intervention, et ne se trouvent pas au domicile à l’arrivée de l’intervenante ? Quid (et la liste n’est pas exhaustive), encore, de certaines personnes âgées en refus de soin, qui certains jours fermeront tout net leur porte à l’auxiliaire de vie venue remplir sa mission ? Jusqu’ici, ces imprévus étaient pris en charge dans le cadre du plan d’allocation personnalisée d’autonomie (APA), par les conseils généraux. Sauf que la Dases souhaite justement changer la donne : désormais, les structures d’aide à domicile devront les facturer aux bénéficiaires eux-mêmes. « Dans le cas d’annulation d’intervention par le bénéficiaire pour convenance personnelle, sans respect du délai de préavis prévu dans le contrat signé avec le service d’aide à domicile, l’intervention est facturée au bénéficiaire », indique ainsi la charte.

Et c’est précisément cela qui ne convient pas à certaines structures parisiennes. Dans un courrier adressé la semaine dernière à Bertrand Delanoë, Dafna Mouchenik, directrice de Logivitae, qui emploie 160 salariés et utilise, depuis son démarrage il y a 5 ans, son propre système de télégestion, s’inquiétait précisément de cette modalité, « risquant, au-delà des difficultés que cela va poser aux services, de précariser et vulnérabiliser à la fois la population concernée, mais également les salariés du secteur […]. Le projet de la Dases peut être un formidable levier pour l’aide à domicile et nous aider à accompagner plus et mieux de personnes mais il ne doit pas ajouter de la difficulté aux difficultés que nous rencontrons déjà ».

Nous sommes ici au cœur du problème : si la télégestion permet de fluidifier les relations services/conseils généraux, quelle marge de manœuvre laisse-t-on aux structures, dans la communication des heures effectuée. Et est-ce aux conseils généraux de vérifier que les heures de travail sont bien réalisées ?

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