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© Patrick Dagonnot

9 novembre 2017

Retour sur les 8èmes assises nationales de l’aide à domicile

Que vous ayez eu la chance de venir (et nous l’honneur de vous accueillir) ou que vous ayez malheureusement manqué l’évènement, vous pouvez retrouver l’essentiel de nos assises en quelques clics : le débat introductif à écouter et quatre documents de synthèses, brefs et riches à la fois.

  • L’intégralité de la table ronde introductive en audio, animée par Luc Broussy, directeur de la publication du Journal du Domicile, avec les fédérations professionnelles qui défendent chacune une mesure phare pour le secteur :
    • Damien Cacaret, président du Synerpa domicile
    • Benoit Calmels, délégué général de l’UNCCAS
    • Maud Collomb, directrice adjointe de l’Union Nationale ADMR
    • Didier Duplan, directeur général adjoint d’Adessadomicile,
    • Julien Moreau, directeur du secteur social et médico-social à la FEHAP
    • Olivier Péraldi, directeur dénéral de la FESP
    • Amir Reza-Tofighi, président de la FEDESAP
  • La synthèse générale
  • Les assises en 12 citations
  • La synthèse de l’atelier collaboratif RH
  • 10 pistes de travail qui découlent des débats

L’intégralité de la table ronde introductive

Pour écouter l’extrait audio, cliquer tout à gauche de la barre


SYNTHÈSE GÉNÉRALE

Les assises du domicile édition 2017 ont proposé un programme riche permettant de faire le tour des grandes questions politiques et opérationnelles qui traversent le secteur. Elles ont constitué une nouvelle fois cet espace unique de discussion où ont pu échanger des membres de toutes les fédérations professionnelles (Adessadomicile, ADMR, Fedesap, FEHAP, FESP, FHF, FNAAPF-CSF, FNEHAD, France Silver éco, UNA, UNCCAS, Synerpa) avec les pouvoirs publics, la DGCS en particulier, ainsi qu’avec une série d’acteurs locaux, de professionnels et d’experts impliqués dans l’aide, l’accompagnement ou le soin à domicile. A travers onze temps d’échanges répartis sur un jour et demi, trois grandes thématiques ont structuré les débats.

 

1. Les grandes questions politiques

Les apports de la loi ASV ont été soulignés, mais son caractère inachevé aussi. Avec une série d’options ouvertes et d’expérimentations lancées, il ressort des débats que cette loi, même si elle traite la plupart des sujets centraux, sera probablement au final une loi de transition vers un meilleur système de financement et d’organisation des réponses aux enjeux du vieillissement.

La question du financement de l’aide à domicile a été largement abordée en soulignant de manière prospective les financements supplémentaires à prévoir dans les années qui viennent pour prendre en charge le vieillissement, de l’ordre de plusieurs milliards d’euros (un besoin affiné par l’étude de la Drees citée dans la rubrique Data’dom de cette newsletter). Reste à effectuer un choix de société majeur pour savoir quelle part de ce financement sera publique, adossée à un 5ème risque sous l’égide de la CNSA, et quelle part sera privée, payée par les personnes elles-mêmes et/ou leur assurance.

Quant à la régulation de l’offre d’aide et d’accompagnement à domicile, en particulier sur les modalités de tarification, elle est aujourd’hui tellement hétérogène d’un département à un autre, laissant de telles inégalités territoriales, que tout le monde s’accorde à dire qu’il faudra tôt ou tard définir un cadre national plus strict.

2. Les SAAD et leurs modèles économiques

Les modèles économiques des SAAD sont aussi en questionnement. Si l’on s’oriente à l’avenir vers des financements supplémentaires publics ou privés, cela améliorera la santé financière globale des SAAD, quel que soit leur modèle. Mais rien n’est encore acté de ce point de vue. La consolidation économique des SAAD passera aussi par une réflexion sur la valorisation du travail et des services, véritable condition de leur développement quantitatif et qualitatif.

Côté organisationnel, les métiers de l’aide à domicile, qui sont en forte tension du point de vue du recrutement, sont en train d’évoluer vers davantage d’autonomie, de responsabilité et de polyvalence, en particulier en ce qui concerne les intervenants. C’est une piste actuellement explorée par de nombreuses structures, considérée à la fois comme source d’efficacité et de motivation. Une polyvalence rendue nécessaire aussi par la diversification des services et par l’innovation, dont le but est d’améliorer la prise en charge globale et partenariale des besoins, en combinant aide, soin et technologie.

3. La qualité de vie du public accompagné

On constate que le public évolue en lien avec la diversification des modes de vie, avec une préférence pour le « vieillir à domicile » et avec une liberté de choix toujours plus grande pour satisfaire des besoins pluriels, qui intègrent aussi ceux de l’entourage de la personne, ainsi que son environnement, son habitat, les équipements à son domicile, sa mobilité, son parcours de soins et de vie, sa vie sociale, son accès à la culture, aux loisirs et à une nourriture qui lui fasse envie, le tout dans une logique d’anticipation et de prévention de la perte d’autonomie… En résumé, il s’agit de construire pour les personnes âgées, avec elles et avec leur entourage, tout qui contribue jusqu’au bout au plaisir de vivre, ce qui implique de conduire à son terme le changement de paradigme dans la prise en charge du vieillissement, paradigme que la loi du 2002-2 et la loi ASV ont initié, mais dont l’avènement est encore assurément l’enjeu des années à venir.


LES ASSISES EN 12 CITATIONS

A quand un financement pérenne des SAAD ?

« Dans le groupe du travail lancé le 27 septembre, l’ensemble des interlocuteurs est là : fédérations professionnelles, CNAV, CNAF, ministère des finances et représentants des départements. Cela va nous permettre d’avoir une vision globale des difficultés du secteur afin d’avancer sur une réponse. Dans un an, on pourra revenir à vos assises et présenter les résultats »

Laurence Lavy, cheffe du bureau prévention de la perte d’autonomie et parcours de vie à la DGCS

 

SPASAD : des CPOM aux CPO sans M ?

« La juxtaposition d’un SAAD et d’un SSIAD ne fait pas un SPASAD. Il faut être capable d’inventer un accompagnement global de la personne combinant plusieurs types d’interventions réalisées par une équipe pluridisciplinaire. On ne peut pas faire abstraction des moyens financiers, mais au préalable, il faut réfléchir différemment quand on veut monter un SPASAD »

Pierre Behar, directeur du cabinet Espaces MS

 

Est-ce bien la loi ASV qu’appliquent les Départements ?

« La loi ASV ne résout pas tout, on savait que ce ne serait pas le cas, et il y a effectivement des vrais problèmes d’application, mais il ne faut pas tout mettre sur le dos de la loi ASV, il faut passer à une étape supérieure »

Jean-Laurent Clochard, responsable du pôle famille à la FNAAFP/CSF

 
 

« Les départements ont eu beaucoup de difficultés dans les moyens d’application de la loi ASV. Concrètement, quand on vous dit que vous devez mettre en place la CDCA et la conférence des financeurs sans moyens supplémentaires, ça reste extrêmement compliqué. Pour autant, quand on est dans une logique de coopération avec les SAAD, on peut faire avancer les choses, l’autorisation par exemple est un bon levier de régulation de l’offre »

Thierry Chauville, directeur de l’autonomie au conseil départemental du Doubs

 

L’innovation de service face à l’évolution des modes de vie et de consommation

« On a équipé 100% de nos collaborateurs de smartphones avec forfaits internet illimités, ce qui permet d’envoyer directement les fiches de route et les plannings, mais aussi de pouvoir faire de la formation sur des modules très courts. Ça permettra demain de faire des vidéos et d’échanger avec les familles, donc de créer de la valeur ajoutée supplémentaire »

Guillaume Richard, président du groupe O2 Care services, vice-président de la Fesp

« Nous avons créé le premier jeu de société pour personnes âgées, en lien avec le domicile, ça s’appelle la « maison à jouer ». Ça peut paraître anodin, mais nous avons formé une vingtaine de salariés à l’animation d’ateliers de jeu et en même temps, à travers le jeu, au repérage des fragilités »

Alain Hughes, directeur Général de Prodessa (UNA)

« Nous avons progressivement mis en place un living lab pour fédérer la filière des aides techniques et des nouvelles technologies à domicile. Les usagers, avec qui nous étions déjà en contact, sont devenus des testeurs, ce qui a intéressé des entreprises et des start-ups qui avaient besoin d’un retour d’usage sur leurs innovations »

Eric Pastor, CCAS de Lattes (Hérault), Adjoint au Maire délégué au pôle autonomie santé

 

Quelles clés pour un recrutement durable ? A vous de jouer !

« Il y a deux façons d’envisager la fidélisation des salariés : soit on recrute des salariés qui n’ont pas d’autres choix professionnels, soit on améliore les conditions de travail et on augmente les salaires, et cela a un coût. Sur la base de ce qui a été proposé ce matin, ce coût est d’au moins 25€ de l’heure »

François-Xavier Devetter, économiste au Clersé et à l’IMT Lille-Douais

 

Acte II de la Silver économie : 2017, année de la concrétisation ?

« Il faut aussi penser à l’enjeu territorial et à une meilleure articulation entre les différents niveaux de collectivités impliquées dans le vieillissement, notamment les Régions, qui portent les comités de filière régionaux de la Silver économie, et les Départements qui président les conférences des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie »

Catherine Marcadier, directrice générale de France Silver Eco[1]

 

Bien manger à domicile : du portage de repas à l’accompagnement à la nutrition

« Il faut éviter de mixer les aliments. Au contraire, il faut favoriser la mastication tout en adaptant la nourriture, en proposant des morceaux faciles à mâcher et à déglutir, ça préserve l’autonomie et ça participe au plaisir de manger »

Yann Tannou, orthophoniste, spécialiste de la nutrition des personnes âgées

 

Droit au répit : les aidants sont-ils vraiment soulagés ?

« On cherche de l’argent pour financer le droit au répit des aidants. L’augmentation de la CSG des personnes âgées, vous ne pensez pas que ça pourrait servir à cela ? »

Joëlle Huillier, ancienne députée de l’Isère, auteure du rapport « Du baluchonnage québécois au relayage en France : une solution innovante de répit »

Quelle coordination pour mieux gérer les retours d’hospitalisation ?

« Nous avons mis en place un numéro unique sur le territoire pour toutes les situations nécessitant de la coordination, qu’elles relèvent du CLIC, de la MAIA, du réseau de santé ou de la plateforme territoriale d’appui, demain ce sera un numéro unique pour l’ensemble du département »

Laure Bourlange, pilote de la MAIA et animatrice de la PTA territoire Villeneuve-Fumel (Lot-et-Garonne), FEHAP

[1] Remplacée depuis à ce poste par Sébastien Podevyn

 


La synthèse des ateliers collaboratifs RH

Vous avez été nombreux à vous prêter au jeu des ateliers collaboratifs RH portant sur le recrutement et la fidélisation du personnel. Voici donc la synthèse de vos travaux :

Télécharger le document en PDF

 


10 pistes de travail issues des débats des assises
  1. S’appuyer sur le groupe de travail ministériel pour acter du choix de société relatif au mode de financement du « vieillir à domicile » dans les années à venir
  2. Créer un observatoire public des pratiques des conseils départementaux
  3. Renforcer le cadre d’application de la loi ASV pour limiter l’hétérogénéité des pratiques départementales notamment en matière d’autorisation et de tarification des SAAD
  4. Disposer d’évaluations des économies liées aux hospitalisations évitées grâce à l’aide à domicile, les actions de prévention et l’aide aux proches aidants
  5. Mettre en place un plan de déploiement des SPASAD sur l’ensemble du territoire, à partir des bonnes pratiques observées lors de l’expérimentation et en prévoyant les moyens minimums de fonctionnement
  6. Rédiger un guide des pratiques innovantes dans les SAAD
  7. Relancer le relayage comme une des solutions majeures pour le répit des aidants
  8. Simplifier les instances de coordination territoriales dans une logique de guichet unique
  9. Faire connaître les outils de coordination qui fonctionnement actuellement sur les territoires
  10. Diversifier les formations en lien avec la diversification des services (mobilité, nutrition, repérage des fragilités, animation d’ateliers de prévention, accompagnement des aidants, décloisonnement sanitaire et social, travail en partenariat, etc.)

 


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