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6 juin 2018

Où la feuille de route conduit-elle le domicile ?

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Ceux qui en attendaient beaucoup doivent être déçus, ceux qui pensaient ne rien y trouver sont démentis. Car la feuille de route « grand âge et autonomie » présentée par Agnès Buzyn le 30 mai « pour relever le défi du vieillissement à court et moyen terme » est plutôt un plan nuancé. Plus prudent qu’ambitieux, il prend tout de même un certain nombre de mesures conséquentes sur le court-terme, évaluées à environ 400 millions sur l'année pleine que constitue 2019. Avant, c’est la montée en puissance, après, les engagements diminuent. Et, on pouvait s’y attendre, la très grande majorité des financements concerne les établissements, même si le domicile n’est pas totalement écarté. Que prévoit donc cette feuille côté domicile et qu’en penser ?

Levons le voile de suite sur le nerf de la guerre : le financement. A ce stade, il faudra se contenter de 100 millions d’€ sur 2 ans (2019 et 2020), soit 50 millions d’€ par an, c’est-à-dire la même somme que les habituels fonds de restructuration ou de modernisation en vigueur depuis 2012. Pour quel usage ? Consolidation financière des SAAD ? Revalorisation de l’APA ? L’objectif annoncé est le suivant « assurer l’accessibilité financière et géographique du service, permettre une plus grande équité de traitement pour les usagers, rendre plus lisible l’offre, assurer une meilleure transparence tarifaire et mieux maitriser les restes à charges. Chaque personne âgée en perte d’autonomie à domicile devra trouver près de chez elle un service de qualité à un prix abordable ». Beaucoup d’objectifs pour peu de moyens, en somme. En réalité, dans l’esprit ministériel, les fonds sont probablement posés sur la table de façon symbolique pour attester d’un soutien (minimal) au groupe de travail DGCS-CNSA dont les conclusions sont attendues pour fin 2018, avec évolution du modèle de financement en 2019, 50 millions nouveaux à l’appui.

A part cela ? De sonnant et de trébuchant, à peu près rien. Mais quelques grands principes et mesures concernent l’aide à domicile d’une manière ou d’une autre. Ainsi, il est question de renforcer l’animation de la filière silver économie, qui ne peut faire abstraction du domicile. Concernant les soins à domicile, il est acté qu’HAD et SSIAD pourront être complémentaires et non plus substituables. Côté prévention, ce sont surtout les Ehpad qui sont ciblés, pour le domicile, il est fait référence à la conférence des financeurs, ce qui a au moins pour mérite d’amorcer la pérennisation du dispositif.

Sur les modes d’habitat, c’est l’habitat intergénérationnel et l’habitat inclusif qui sont privilégiés, ce dernier étant défini comme « vivre à plusieurs dans un même ensemble de logements, avec une aide quasi permanente ». Au niveau RH, on parle d’un véritable plan métiers et compétences, sous-tendant la QVT, qui concernera aussi le domicile. Enfin, le déploiement de la télémédecine piloté par les ARS et doté de 40 millions sur 4 ans, se fera en particulier dans les EHPAD, mais pas uniquement, et peut donc inclure le domicile.

Le débat sur les aidants est renvoyé à une stratégie transversale avec le secrétariat d’Etat aux personnes handicapées, avec en ligne de mire un plan global d’aide aux aidants comprenant de la mise à disposition d’information exhaustive sur les dispositifs existants, le développement de solutions de répit, le développement de l’accueil de jour et de l’hébergement temporaire et l’amélioration de l’articulation avec la vie professionnelle.

Beaucoup de sujets périphériques et peu de moyens au final sur l’aide à domicile, dont le financement semble un tantinet embarrassant pour le gouvernement qui, crise des EHPAD de surcroît, a quelque peu botté le domicile en touche, tout en ayant conscience des enjeux : « des évolutions du modèle de financement des services d’aide et d’accompagnement à domicile ont été engagés avec les acteurs du secteur […] au-delà des modèles de financement, il conviendra également de s’interroger sur le mode d’organisation permettant de répondre au besoin accru de maintien à domicile et donc de coordination des acteurs », peut-on également lire dans le dossier de presse de cette feuille de route, qui pose de bonnes questions mais apporte, à ce stade, peu de réponses concrètes.

 


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