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5 juillet 2012

Aînés et nouvelles technologies : la greffe ne prend pas

Annoncée comme LA révolution phare dans l’accompagnement à l’autonomie, les gérontechnologies peinent encore et toujours à s’imposer dans le paysage des services aux personnes fragiles.

Le chemin semble encore long pour que les TIC (technologies de l’information et de la communication) soient utiles et acceptées par le grand âge. C’est le constat amer, qui ressort du colloque organisé le 19 juin à Paris par Madopa (Centre expert en technologies et services pour le maintien à domicile des personnes âgées). En cause, notamment, le décalage – toujours prégnant – entre les réalisations des industriels et les besoins des personnes âgées. « Aujourd’hui la plupart des appels d’offres sont conçus pour promouvoir le développement d’une technologie plutôt qu’à rechercher une solution à des besoins », résume Jacques Duchêne, ex-président de Madopa.

Paradoxalement, le marché est en plein essor. Foultitude d’expérimentations à plus ou moins grande échelle ont été et sont encore menées en France, mais nombre d’entre elles sont avortées, ou n’accouchent d’aucune évaluation claire. De telles études sont pourtant indispensables aux techniciens pour cerner précisément quels sont les usages et besoins, au quotidien, des personnes âgées et des aidants. « Les objectifs [que se fixent les roboticiens] sont irréalistes », insiste le sociologue Gérard Dubey, dont le projet Quovadis, robot de stimulation cognitive pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, n’a pas abouti.

Au lieu de favoriser la socialisation, d’améliorer l’autonomie, de divertir et d’assurer la sécurité des personnes âgées, les outils technologiques sont souvent perçus par ces derniers comme le reflet de leur propre déclin, de leur dépendance. « L’être humain est appréhendé selon ses faiblesses, ses déficiences. L’objet [technologique] est pensé dans un désert social, dans un monde sans humains », regrette encore le chercheur, qui rappelle l’importance de « comprendre les choix, les désirs et les jugements [des personnes âgées] ».

Malgré ce bilan des travaux sur le vieillissement et les hautes technologies peu glorieux, le tableau n’est pas si noir. Certaines expérimentations sont véritablement prometteuses, comme le projet Mazadoo (« Mes aïeux » en breton). Le « Facebook intergénérationnel » transposé sur le couple bien-aimé des personnes âgées, à savoir télévision et téléphone, semble remporter les faveurs de ces derniers. « On n’est pas tous des croulants », s’enthousiasme ainsi une utilisatrice du réseau social personnalisé. Le concept, dont la commercialisation est actuellement en cours, a été pensé et réalisé en interaction permanente entre sociologues, constructeurs, professionnels du secteur et résidents.

L’exemple de Mazadoo donne le ton des solutions à apporter, quant aux difficultés que connaissent les ingénieurs pour concrétiser leurs recherches. Le dialogue interdisciplinaire, la « co-conception » est la condition sine qua non pour intégrer durablement la robotique dans l’environnement des personnes âgées.

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