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© Domus Vi

20 septembre 2013

Après « le calme de l’Etang »… la tempête !

Un Ehpad fermé du jour au lendemain par décision administrative ; une ministre en colère ; un établissement où règne une ambiance détestable ; des dysfonctionnements reconnus par tous ;  une syndicaliste CGT qui surfe sur les événements : y avait-il pour autant matière à une décision aussi radicale ? Décryptage

Voilà un établissement, « Le Calme de l’Etang », qui depuis 24 heures ne porte pas très bien son nom. Car, le « Calme » a déclenché, depuis mercredi, une véritable tempête médiatique. Tempête justifiée ou tempête dans un verre d’eau ?

L’étabIissement d’abord ; un établissement privé commercial de 64 lits racheté dans les années 2000 par Dolcéa avant de rejoindre le giron de Domus Vi en 2011. Un établissement en butte à des difficultés internes reconnues par tous, y compris par Domus Vi. Une directrice qui, face à de multiples problèmes personnels, perd progressivement le contrôle d’une partie du personnel. Une partie de ce même personnel qui organise une cabale contre la directrice en créant notamment une page Facebook la brocardant… Bref, l’ambiance n’était pas au beau fixe dans cet Ehpad situé à Bessenay (Rhône), à 40km à l’est de Lyon.

Mais, en moins de 24 heures, « Le Calme de l’Etang » a basculé dans une situation de catastrophe naturelle. Ou plutôt sanitaire puisque l’ARS, lors d’une conférence de presse, a justifié cette fermeture par  un « risque grave pour la santé, la sécurité et le bien-être moral ou physique des personnes hébergées ». Certes, des injonctions avaient été formulées par le Conseil Général et l’Etat en 2005, 2007 et 2009. Mais depuis, l’établissement semblait remonté doucement la pente jusqu’à signer sa convention tripartite 2ème génération en décembre dernier.

Pourtant cette fois, le couperet est tombé. Trop brutalement selon la direction du groupe Domus Vi qui ne conteste pas pour autant les dysfonctionnements évidents dont s’est rendu coupable cet Ehpad mais qui considère totalement disproportionnée la sanction consistant à fermer du jour au lendemain un établissement de 64 résidents.

Il faut dire que l’ARS n’y était pas allée le jour-même par quatre chemins dans une conférence de presse dénonçant «une direction insuffisante entraînant une mauvaise gestion des équipes non qualifiées et des manquements répétés ». Reprenant ces arguments, Michèle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes Agées et à l’Autonomie, mentionnait sur RTL « des dossiers non tenus à jour, des toilettes mal faites, une forte odeur d’urine, une non-réponse aux sonnettes d’appel » ajoutant que cela la mettait « très, très en colère ».

Sommé par l’ARS « d’apporter dans les meilleurs délais toutes les mesures correctives indispensables », le groupe DomusVi a estimé dans un communiqué qu’il allait « tout mettre en œuvre pour obtenir une réouverture rapide fondée sur une restructuration forte de l’équipe en place ».

Cette affaire interroge d’abord sur la réaction de l’ARS qui a pris là une décision particulièrement inhabituelle au regard des griefs exposés. On ne devrait pas s’avancer excessivement en affirmant que de tels dysfonctionnements, évidemment condamnables, ne se concluent généralement pas – voire même jamais –  par une fermeture administrative de 6 mois. La brutalité de la décision ne cesse ici d’étonner pour une maison que les pouvoirs publics contrôlaient régulièrement et qui venait de se voir décerner un 8/10 par le récent classement France Info.

Elle interroge aussi sur la façon dont la presse généraliste a repris les déclarations de Carole Allouche, délégué du personnel CGT. A un micro de France Television puis à l’AFP, elle déclare avoir alerté l’ARS du décès de 5 résidents en une semaine qu’elle soupçonne d’être décédés d’insuffisances respiratoires dues à la légionellose. Le directeur médical de l’ARS, dont on a vu qu’il n’était pas suspect de complaisance vis à vis de l’établissement avait pourtant bien expliqué qu’aucun élément ne venait corroborer cette thèse et qu’en aucun cas la fermeture administrative n’avait été prise pour cette raison. Résultat, le jour même, Le Monde.fr titrait : « Une maison de retraite du Rhône fermée après la mort de 5 pensionnaires ».


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