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2 décembre 2020

Brdenk : le parcours d’un pionnier

Entré chez Orpéa à 29 ans en 1997, Jean-Claude Brdenk, vice-président du Synerpa, quitte le groupe après avoir fait d’une grosse PME un leader mondial.

23 ans et 5 mois. C’est le temps qu’aura passé Jean-Claude Brdenk (prononcez Breudinque) à la tête du groupe ­Orpéa avant qu’un communiqué publié début novembre n’annonce son départ dans des termes dont seuls les communicants froids et glaciaux des grands investisseurs financiers ont le secret.

Pourtant, quelle histoire ! Car le parcours de Brdenk, c’est celui d’un jeune homme de 29 ans, qui va devenir en un peu plus de 20 ans le dirigeant du plus grand groupe mondial d’hébergement pour personnes âgées.

On est au milieu des années 90. Le fraîchement diplômé du modeste Institut Supérieur de Gestion est classiquement consultant dans un cabinet de conseil en organisation, ce qui le conduit à mener une mission d’audit dans des maisons de retraite du groupe Orpéa. « J’avais été impressionné par la qualité de son audit. Il avait vu des choses qu’on n’avait pas vu » explique Jean-Claude Marian, qui, du coup, deux ans plus tard, l’embauche comme directeur général d’exploitation.

C’est donc en 1997 que va se former le trio légendaire, la triplette d’Orpéa, celle qui va mener le groupe d’une aimable PME franco-française de 30 maisons de retraite à un groupe international côté en Bourse et fort de plus de 60.000 lits pour personnes âgées sans compter les cliniques : le patriarche, entrepreneur de génie, Jean-Claude Marian, parti « à la retraite » en 2017 mais toujours à l’affût de toutes les informations du secteur des ­Ehpad ; le financier de haut vol, Yves Le Masne, arrivé dans le groupe en 1995 et désormais président tout puissant du groupe ; et Jean-Claude Brdenk, le manager, celui qui a dirigé l’exploitation des établissements, au début en France, puis progressivement en Belgique, en Espagne, en Allemagne, en Pologne, en Autriche, en Italie, en Chine, au Brésil, au Chili, en Uruguay…

« Sa force, résume Loïc Battesti, c’est de pouvoir mêler une extrême exigence et une intransigeance sur les process à appliquer à une grande convivialité et proximité à la fin de la journée ». Faisant fonction d’aide-soignant dans une clinique niçoise, Loïc Battesti va croiser le chemin de Jean-Claude Brdenk. La suite ? Directeur d’Ehpad puis directeur régional PACA, il vole aujourd’hui entre Moscou et Rio de Janeiro : bref, un pur produit de la méthode Brdenk qui a ainsi donné sa chance à des dizaines de professionnels, qui plus qu’un bagage universitaire avait la passion chevillée au corps.

Brdenk, c’est aussi la génération des pionniers. Ceux qui, avant d’aller créer des filiales en Pologne ou en Espagne, ont grandi sur le terrain. « Il a une capacité à marquer au fer rouge sa 1ère visite de site ou sa 1ère rencontre avec un directeur ou une directrice » se souvient un responsable important d’Orpéa. « Il a une extraordinaire capacité à appuyer sur le point clé qui fait toute la différence, une capacité à s’en souvenir et à pouvoir y revenir à l’occasion d’une autre visite » poursuit-il. C’est la génération qui, bien avant d’aller négocier avec un ministre chinois était en capacité d’expliquer à un directeur l’importance de l’entretien des contours de portes. Certains se rappellent comment, une année, il a demandé aux directeurs en leur souhaitant bonne année de lui envoyer une photo d’eux avec un flacon de CIF montrant ainsi qu’ils étaient tous prêts … à nettoyer les poignées de portes !

Brdenk aura incarné durant 25 ans ce savant mélange du type capable de décupler la taille du groupe et de discourir sans fin sur un process de qualité. Mais voilà qu’il vient d’être victime de son succès. Exploitant plusieurs centaines d’établissements dans le monde, il a créé des filiales partout dirigées désormais par des gestionnaires autonomes. Et c’est au fond son succès qui a rendu inutile… son propre poste.

La boucle est bouclée. Au-delà de l’aventure d’un homme, c’est aussi la fin de ce type de parcours, devenu impossible aujourd’hui. Mais le ton n’est pas à l’oraison funèbre… Jean-Claude Brdenk est bien vivant ! Vice-président du Synerpa, il va évidemment continuer à collaborer avec Orpéa et va surtout devenir un des consultants les plus demandés de la place de Paris.


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