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5 janvier 2018

Charlotte Lecocq, députée LREM du Nord Un nouveau visage à l’Assemblée nationale

À l’occasion de la remise du rapport d’application de la loi ASV, sa co-auteure Charlotte Lecocq, la nouvelle députée LREM du Nord, a livré ses conclusions au Mensuel des Maisons de Retraite. Au-delà de ce texte, la députée LREM souhaite faire de la problématique du vieillissement une ligne conductrice de son mandat. L’Assemblée aurait-elle trouvé sa nouvelle « Madame personnes âgées » ?

Rendez-vous était pris à 12h30 à l’Assemblée nationale, rue Aristide Briand, dans le 7ème. Malgré nos dix minutes de retard, Charlotte Lecocq nous accueille chaleureusement, prenant soin de venir personnellement nous accompagner jusqu’à son bureau. Entre deux photos, elle parcourt la synthèse du rapport qu’elle a coproduit avec Agnès Firmin-Le Bodo, son homologue de l’UDI. La députée est appliquée. Il faut dire que le sujet lui tient à cœur, la politique publique du vieillissement ayant jalonné son parcours professionnel. Comme beaucoup de nouveaux parlementaires issus de la République en Marche, Charlotte Lecocq a fait ses classes dans le privé. Consultante en gestion des ressources humaines, elle a eu l’occasion d’accompagner plusieurs Ehpad dans la recherche de nouveaux modes d’organisation du travail. Dans ce cadre-là, l’élue de la sixième circonscription du Nord a notamment participé à une expérimentation avec l’ANACT[1] sur la mise en place d’une formation-action sur la prévention des risques professionnels. Sur un autre dispositif expérimental, elle a accompagné tout un réseau PA-PH du littoral Calaisis-Boulonnais en vue de fluidifier le parcours des personnes handicapées vieillissantes intégrant des structures dédiées aux personnes âgées.

Esprit, es-tu là ?

Un parcours qui la prédestinait, une fois élue députée, à copiloter cette mission d’évaluation de la loi ASV. Après s’être intéressée au vieillissement à travers le prisme managérial, Charlotte Lecocq s’est frottée à son versant législatif. Avec Agnès Firmin-Le Bodo, la néo-parlementaire a procédé à l’examen des 101 articles de la loi. Examen qui a donné lieu à un rapport présenté en commission des affaires sociales le 5 décembre dernier, sous le regard attentif d’Agnès Buzyn. Objectif : « préserver l’esprit de la loi ASV ».

Ce dernier aurait-il disparu depuis la publication des décrets ? « La loi commence seulement à s’appliquer et encore pas de manière concrète » explique Charlotte Lecocq. « Malgré la sortie des décrets, les modalités d’application sont très différentes d’un département à un autre […] il y a dans nos propositions des préconisations sur les verrous administratifs et techniques à lever pour qu’elle puisse effectivement s’appliquer ».

Transversalité vs millefeuille

C’est dans cette optique que s’inscrit la proposition fil rouge du rapport d’application : la création d’une délégation interministérielle à l’adaptation de la société au vieillissement. Sujet auquel réfléchit en effet Agnès Buzyn. Pour la co-rapporteure, la notion de bien vieillir implique « l’accès à tous les services, à la culture et à la vie citoyenne. Il existe des démarches dont les ministères pourraient davantage se saisir ou qui ne sont pas suffisamment impulsées dans une feuille de route transversale ».

Toutefois, il ne faudrait pas que cette coordination des politiques publiques vienne ajouter une strate supplémentaire au très franco-français millefeuille administratif surtout au moment où Agnès Buzyn vient de rappeler le rôle nouveau qu’elle souhaitait assigner à la CNSA : « être le lieu d’où peuvent partir des réflexions et des impulsions de politiques publiques dans le cadre d’un partenariat au sein duquel tous les acteurs doivent prendre leur part ».

 

Tarification : une copie à revoir

En parallèle du rapport Iborra, le rapport Lecocq-Firmin Le Bodo n’a pas pu s’empêcher d’aborder aussi la question de la tarification des Ehpad et notamment celle de la convergence. Avec une conclusion stupéfiante : alors même que la Ministre venait tout juste de réaffirmer qu’elle maintiendrait le cap de la réforme et que le PLFSS venait tout juste de l’acter, les deux parlementaires émettent une proposition n°10 proposant… d’« appliquer un moratoire d’un an à la convergence des forfaits dépendance ». Une recommandation venant, on l’avouera, totalement à contretemps des déclarations d’Agnès Buzyn. Pour se tirer de cette apparente contradiction, Charlotte Lecocq explique qu’elle n’a fait ici que relayer – et encore début septembre – « les remontées du terrain, aussi bien de l’ADF que des fédérations de tous bords ». « Ce moratoire » explique t-elle « ne signifie pas qu’il ne faut pas aller vers cette convergence mais que la manière dont s’applique cette tarification pose des problèmes dans sa mise en œuvre technique ».

Faire rimer vieillissement avec Parlement

Cette réforme, Charlotte Lecocq souhaite l’intégrer dans une réflexion plus large, en regardant comment les moyens et ressources sont mobilisés. « Un sujet est beaucoup ressorti de nos auditions : c’est celui de l’absentéisme et de son impact sur la charge financière de la structure. Cela pose la question de l’accompagnement des professionnels ». L’arrivée en Ehpad avec un niveau de dépendance plus élevé rend en effet leur travail très différent puisque ces derniers sont confrontés à de nouvelles pathologies pour lesquelles ils doivent être formés. « Les moyens à mobiliser ne sont pas que financiers ; il faut aussi de la formation et des outils afin de soulager le port de charge ».

C’est d’ailleurs sur ce sujet que va se positionner l’élue : « j’ai une mission sur la santé au travail qui m’a été confiée par Agnès Buzyn et Muriel Pénicaud, Ministre du Travail. Elle a d’abord pour but de définir des indicateurs d’évaluation permettant de se comparer avec d’autres pays européens sur notre système de santé au travail pour ensuite regarder les grands enjeux en matière de prévention […] Au vu des taux de sinistralité du secteur médico-social, des liens sont à faire avec la situation des Ehpad ». L’intégration de cette problématique dans un sujet englobant est d’ailleurs révélateur de l’objectif que se fixe Charlotte Lecocq : avoir le sujet du vieillissement en ligne de mire lors de chaque projet et proposition de loi.

Bastien Terrade

[1]. Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail


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