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3 octobre 2017

Du bon usage des technologies dans le domicile

Les technologies applicables au domicile se développent chaque jour mais ont pour l’instant du mal à arriver jusqu’à l’usager final. S’appuyer sur les SAAD pour faire entrer les technologies au domicile peut s’avérer payant pour les entreprises innovantes comme pour les SAAD eux-mêmes. Mais cela réinterroge les fonctions des services d’aide. Alors comment les personnes âgées peuvent-elles s’y retrouver face à ces technologies et comment les SAAD peuvent-ils les aider ?

Le service doit déjà lui-même y voir clair sur ces technologies. Si on met de côté pour cette fiche pratique les technologies relatives au système d’information et à la télégestion, qui ont déjà fait l’objet d’une fiche précédente de Pierre Behar, on peut classer en quatre catégories les technologies dédiées à l’amélioration du bien-être de la personne accompagnée.
Une typologie des technologies du domicile

  • La téléassistance au sens large

On entend par là, en plus de la téléassistance classique, les technologies qui permettent de récolter dans un but préventif des informations sur ce qu’il se passe au domicile. Compteurs d’eau connectés, et autres capteurs de mouvements ou de chaleur intégrés dans le sol ou les murs, permettent de détecter tout activité inhabituelle et donc potentiellement problématique ; c’est leur point fort. Leur point faible est le caractère intrusif, plus ou moins marqué selon le produit.

  • Les objets connectés

Lits, bracelets, montres, machine à laver, vêtements, cannes, leur but est également la prévention, mais à la différence de la catégorie précédente, il s’agit d’objets d’usage courant déclinés dans une version connectée. Ces objets collectent et transmettent une série de données sur la personne soit à des professionnels en charge de la « surveiller », soit à elle-même. Dans ce dernier cas, on parle de « self-monitoring ». Dès qu’une tierce personne récupère les données, la problématique de l’intrusion dans la sphère intime devient, là-encore, le principal point faible de ces objets.

  • La domotique, la robotique et l’aide à la mobilité

La domotique correspond généralement à des solutions techniques de confort : gestion d’énergie, optimisation de l’éclairage et du chauffage, sécurité, ouvertures à distance, etc. La robotique domestique correspond, elle, à de l’aide aux tâches ménagères. Pour les personnes en perte d’autonomie, ces technologies ne relèvent pas du luxe mais de la nécessité. Les aides à la mobilité, type déambulateur intelligent, comprenant par exemple une assistance à la marche augmentée de fonctionnalités robotiques, peuvent être classées dans la même catégorie : l’aide aux fonctions de la vie quotidienne.

  • La stimulation cognitive et la vie sociale

Enfin les technologies de l’information et de la communication permettent à travers les écrans d’avoir accès à une multitude d’applications et de services. De la stimulation cognitive aux divertissements, des bouquets de services intégrés à la conciergerie à domicile, des visites virtuelles au musée aux liens facilités avec la famille, tout cela est désormais techniquement accessible à tous ou presque. Et le gain en bien être est évidemment beaucoup plus fort pour une personne peu mobile et isolée, que pour une personne valide.
Positionnement du SAAD
Toutes ces technologies ont un potentiel immense mais pour que ce potentiel joue à plein, il faut d’une part sélectionner les technologies les plus pertinentes, d’autre part accompagner la personne âgée à les choisir. Et c’est là où les SAAD ont un rôle à jouer. Lequel ? Celui qu’ils veulent, en adéquation avec leur projet de service, car la règlementation n’impose rien en la matière, si ce n’est de travailler en lien avec son environnement et on peut considérer que la technologie fait partie de cet environnement.
En schématisant, on peut distinguer trois niveaux d’implication technologique d’un SAAD, le niveau supérieur incluant et dépassant le niveau précédent.
Le niveau 1 : information et orientation

  • Connaitre les grandes catégories de technologies applicables au domicile
  • Aider les personnes accompagnées à les appréhender
  • Savoir vers où les orienter pour plus d’informations

Le niveau 2 : diagnostic, conseil et mise en relation

  • Établir un diagnostic des besoins de la personne accompagnée en matière de technologie
  • La conseiller sur les technologies les plus pertinentes
  • La mettre en relation avec un ou plusieurs prestataires référencés par le SAAD

Le niveau 3 : intégration service et technologie

  • Agir comme un guichet unique pour obtenir aide humaine et aide technologique
  • Construire des prestations combinant ces deux types d’aide
  • Adapter les prestations à chaque situation dans le cadre du projet personnalisé d’aide et d’accompagnement

« Petit » bémol, à l’heure actuelle, du fait de la condition d’activité exclusive, le niveau 3 n’est pas praticable pour toutes les technologies. Mais d’une part, la règlementation peut évoluer, d’autre part, en l’état actuel de la règlementation, des prestations de service incluant de la technologie sont possibles et la création d’entités juridiques séparées l’est aussi.
L’essentiel est donc le projet et la volonté. Au rythme où évoluent les technologies et sans être un technophile zélé, mieux vaut se situer en anticipation. Car les plus grands changements sont à venir et ils viendront.

Patrick Haddad


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