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14 février 2019

La Daronne : l’Ehpad comme dans la vraie vie

Elle s’appelle Patience Portefeux. Elle est traductrice-interprète judiciaire ce qui la met au cœur des affaires de police et de justice. Recrutée par la Brigade des Stups pour traduire l’arabe, elle va rapidement se retrouver partie prenante et organisatrice d’un trafic de drogues. Il faut dire qu’elle a l’Ehpad de sa mère grabataire à payer. Soit plus de 3000€ par mois. Et qu’elle a du mal à s’en sortir avec sa seule paye de traductrice.

Alors ici, l’Ehpad n’est certes pas au cœur de l’intrigue. Il ne s’agit ni d’un vieux qui s’y échappe, ni d’un huis-clos qui s’y déroulerait. Non, ici, est celui de la vie de tous les jours. Celui situé en plein Paris et où on va visiter sa mère autant que la vie nous en laisse le loisir. Mais de nombreuses scènes s’y passent toutefois. Dès lors, lorsque le réalisateur Jean-Paul Salomé d’adapter La Daronne au cinéma, il lui faut bien trouver un Ehpad comme lieu de tournage. Et c’est un établissement Korian dans le 20ème qui a accepté de prêter ses locaux pour y voir tourner rien moins que … Isabelle Huppert. Car c’est en effet la star française qui va interpréter le rôle de Patience Portefeux aux côtés de personnels et de résidents de l’Ehpad puisque la production a souhaité utiliser les véritables occupants de l’établissement plutôt que des figurants.

On souhaite au film dont la sortie est prévue en 2020 d’avoir autant de succès que ce livre qui a reçu en 2017 le Prix du polar européen. Certes, l’auteure se plante à plusieurs reprises en écrivant Ephad ou Epahd. Mais au-delà, Hannelore Cayre, avocate de métier, dit s’être inspirée de sa véritable expérience de « fille de résidente » pour décrire la vie en Ehpad.

En 2017, au moment de la sortie du livre, elle témoignait dans Libération : « Un Ehpad à Paris, même pas le plus luxueux, ça coûte 3 000 euros par mois. Au bout du compte, ça fait beaucoup pour une seule personne. Tout ce que je raconte sur l’Ehpad, c’est du vécu. Pour ma mère, ça a duré deux ans et demi, un cauchemar. Après son AVC, elle a été paralysée de l’hémisphère gauche : elle s’est transformée en une gamine de 4 ans dépourvue de toute notion de réel, elle parlait à des gens inexistants, elle racontait des faits inexistants, elle parlait yiddish un mot sur deux, je ne comprenais rien, elle avait aussi des hallucinations… et dès que je partais, elle hurlait, c’était ­horrible. »

Plus encore que dans les autres œuvres citées ici, La Daronne témoigne de la représentation qu’en ont les baby-boomers d’aujourd’hui. Ceux qui y mettent leur parent aujourd’hui mais ne comptent certainement pas y aller eux-mêmes. Ne serait-ce que pour ça – au-delà du fait que ce polar est excellent – il faut le lire.

 


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