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© Patrick Dagonnot

28 avril 2016

La Fondation Caisses d’Epargnepour la Solidarité devientla Fondation « Partage et Vie »

Leader dans le monde des Ehpad associatifs avec près de 90 établissements, la Fondation Caisses d’Epargne pour la Solidarité (FCEs) vient d’acter le désengagement du réseau bancaire qui l’avait créé en 2001. Elle est devenue le 21 avril dernier la Fondation « Partage et Vie ».

Ca bouge dans le secteur associatif ! Après une décennie qui aura vu les géants du secteur commercial grossir, fusionner et désormais s’exporter, le secteur privé à but non lucratif semble désormais mûr pour opérer sa mue et emprunter le chemin du « big is beautiful »…
La FCEs : leader des Ehpad associatifs
Voici quelques mois, on apprenait en effet la fusion d’Arepa et d’Arefo-Arpad au sein d’Arpavie, nouvelle association forte de 126 établissements (79 logements-foyers et 47 Ehpad). Quant au groupe SOS, il continue aussi, entraîné par son président Jean-Marc Borello, sa croissance dans le secteur « Seniors ». Mais si l’on ne considère que les Ehpad (hors logements-foyers donc), depuis 10 ans, le leader incontesté en nombre d’établissements demeure la Fondation Caisses d’Epargne pour la Solidarité avec près de 90 structures.
Il n’en reste pas moins que la dénomination même de cette Fondation sonnait comme un oxymore : comment faire rimer « Caisses d’Epargne », symbole d’un monde bancaire assez peu enclin à la générosité, avec le beau mot de « Solidarité» ? La FCEs a pourtant su relever le défi durant 15 ans. Car, la Fondation, née en 2001 en prenant la suite de l’Association Nationale Seniors Services Ecureuil (ANSSE) créée par les Caisses d’Epargne dès les années 90, a su dès le début trouver son style : à but non lucratif certes mais avec une optique assumée de forte croissance. C’est ainsi que, tout au long de la décennie 2000, la FCEs a effectué de nombreuses reprises jusqu’à atteindre le niveau de 119 établissements médico-sociaux.
Autre marque de fabrique : la FCEs s’est coup sur coup choisi des dirigeants aux profils de haut-fonctionnaire plutôt que de réels gestionnaires. Didier Tabuteau d’abord, énarque, ancien directeur-adjoint du Cabinet de Martine Aubry, fut le directeur de la Fondation jusqu’en 2011 ; Dominique Monneron, également énarque, aujourd’hui à la Caisse des Dépôts de Consignations puis André Aoun, désormais président de l’Institut National de la Prévention (INPES) lui succédèrent.
C’est en 2014 que Patrick Lambruschini, alors directeur des finances et du système d’information de la Fondation, en devient le Secrétaire Général. Ce cadre d’hôpital, directeur-adjoint de plusieurs hôpitaux entre 2006 et 2012, a rapidement été enjoint de jouer l’homme de l’ombre face à une présidente, Astrid Boos, qui semblait souhaiter que personne ne lui en fasse… de l’ombre.
Un conflit qui a dégénéré à l’automne dernier pour se conclure par le départ d’Astrid Boos et, d’une certaine manière, par la « victoire » de Patrick Lambrushini puisque c’est bien en sa faveur, finalement, qu’ont arbitré les administrateurs. Sauf qu’au même moment, cette révolution de palais cachait en réalité un bouleversement bien plus fondamental : le désengagement des Caisses d’Epargne.
Après les Caisses d’Epargne, « Partage et Vie »
Dès 2014, le Mensuel des Maisons de Retraite avait en effet dévoilé que les Caisses d’Epargne cherchaient à se désengager de la FCEs. Depuis 15 ans, les Caisses d’Epargne portaient en effet cette Fondation créée par un décret de 2001 assignant l’objectif à la banque de mener des actions de solidarité envers les personnes âgées et les personnes handicapées. Le Groupe SOS s’est discrètement montré intéressé par la reprise de la Fondation. Mais c’est finalement une solution interne qui a été trouvée.
Encore fallait-il pour officialiser la nouvelle que le Conseil d’Etat donne son feu vert à la transformation de la Fondation Caisses d’Epargne et qu’un arrêté du Ministère de l’Intérieur actant cette transformation soit publié. Ce qui a été fait ce 21 avril 2016.
Finie donc la Fondation Caisses d’Epargne, vive la Fondation…. « Partage et Vie ». Aux esprits malins qui souligneraient que « Partage et Vie » rime avec le tout nouvel ensemble « Arpavie », on répond que ce nom a été pensé bien avant. On est en tout cas sur un patronyme qui assume pleinement son côté « non lucratif ». On est ici moins sur une « marque » type Orpéa, Korian ou Domus Vi que sur un concept fortement connoté humaniste.
Lambruschini : de l’ombre à la lumière
Ici, de statut d’« homme de l’ombre », Patrick Lambruschini est clairement passé avec cette transformation au statut d’ « homme fort ». A lui désormais de monter d’ici octobre prochain une gouvernance qui tient la route.
Car ce sera la prochaine étape cruciale : composer un directoire et un conseil de surveillance qui permettent à la nouvelle Fondation de reprendre le chemin du développement. On parle déjà d’alliances avec la Fédération Hospitalière de France, avec la Caisse des Dépôts ou encore avec des groupes de protection sociale complémentaire. En tout état de cause, le monde de l’Economie sociale et solidaire est en train de voir éclore un groupe qui semble afficher de nouvelles et belles ambitions.


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