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6 novembre 2018

Les Hauts-de-France :
roulez jeunesse ?

C’est à première vue ce que l’on pourrait dire des Hauts-de-France, qui compte en son sein de « jeunes » départements. La part de personnes âgées y est en effet plutôt faible et leur nombre évolue tout aussi faiblement. Cette impression globale ne doit cependant pas masquer les disparités en termes de taux d’équipement, celui du Pas-de-Calais étant par exemple très inférieur à la moyenne nationale. Mais pas de panique ! Car la région peut compter sur pléthore d’acteurs et initiatives pour ­mailler le territoire.




LES POLITIQUES

Charlotte Lecocq,
les Ehpad en ligne de mire
Néo-parlementaire du Nord, Charlotte Lecocq s’est très vite emparée du sujet du vieillissement. Élue fin juin 2017, elle était début septembre nommée co-rapporteure de la mission d’évaluation de la loi ASV, avec Agnès Firmin-Le Bodo. Une entrée en matière qui a constitué une transition toute trouvée avec son ancienne vie professionnelle, durant laquelle cette ex consultante RH a accompagné des Ehpad dans la recherche de nouveaux modes d’organisation du travail. Un an plus tard, Charlotte Lecocq est l’une des députées les plus en vue du quinquennat dans le domaine du vieillissement.

 

Laurence Rossignol,
la loi ASV au Parlement
Alors que Michèle Delaunay avait pensé et rédigé la loi, c’est à Laurence Rossignol, alors Sénatrice de l’Oise, devenue secrétaire d’Etat aux personnes âgées qu’est revenue la responsabilité de faire adopter la loi d’Adaptation de la Société au Vieillissement au Parlement jusqu’à vote final fin 2015.

 

L’ère kannerienne de l’Unccas
Il y a encore quelques années, l’Union Nationale des CCAS avait son siège à Tourcoing. Quant à son président, il fut lillois de 1996 à 2014 en la personne de Patrick Kanner, devenu entre-temps président du Conseil départemental du Nord, Ministre puis Sénateur.

 


Les grands acteurs

Les Ehpad et la dynastie Mulliez
Véritable empire entrepreneurial originaire du département du Nord, la famille Mulliez, propriétaire du groupe Auchan, constitue évidemment la plus grosse fortune de la région. Ce que l’on sait moins, c’est que le tentaculaire réseau Mulliez s’occupe d’Ehpad.

Ainsi, Creadev, le fonds d’investissement de la famille est actionnaire majoritaire du groupe d’Ehpad privé commercial Maisons de Famille. Au niveau local, Maxime Mulliez est le président de l’association Les Orchidées, qui gèrent 5 Ehpad à Tourcoing, Villeneuve d’Ascq, Croix, Roubaix et Lannoy.

 

Alain Villez

Les noms qui comptent
Le Pr François Puisieux, chef du service de gériatrie du CHRU de Lille, est « le gériatre » qui compte dans le Nord. Séverine Laboue, directrice du centre hospitalier de Loos-Haubourdin, est par ailleurs administratrice de la FHF. Etienne Vervaecke est le directeur général d’Eurasanté, l’agence de développement des industries de santé et de la silver économie des Hauts-de-France. Quant au rôle de Geneviève Mannarino, vice-présidente du Conseil départemental du Nord en charge de l’Autonomie, il dépasse désormais son seul territoire puisqu’elle a par exemple obtenu ce mois-ci de co-présider l’un des 10 groupes de travail nationaux sur la réforme – celui sur le parcours de la personne âgée. Comment enfin ne pas citer ici Alain Villez, qui a marqué de son empreinte l’Uriopss Nord-Pas de Calais durant près de 30 ans ? Retraité « actif », il est désormais président des Petits frères des pauvres.

 


Les initiatives locales

Quand le Nord a le « béguin » pour les vieux
Historiquement, les béguinages sont des édifices du nord de l’Europe où vivaient les béguines, communautés religieuses constituées de femmes. C’est davantage l’acception moderne de ce terme qui nous intéresse puisque certains de ces bâtiments ont été rénovés en vue de l’accueil des personnes âgées.

Généralement composés d’une vingtaine de logements privés de plain-pied, ces béguinages disposent d’un espace commun faisant office de lieu de rencontre. S’ils ont abandonné leur dimension religieuse, ces habitats regroupés contribuent à pérenniser des valeurs de proximité, en vue de maintenir le lien social. Et c’est principalement dans les Hauts-de-France qu’ils se situent.

 

La région ASSURE le désengorgement des urgences
Si le Samu est aujourd’hui un des principaux interlocuteurs des Ehpad, les hospitalisations aux urgences s’avèrent dans bien des cas inadéquates pour les personnes âgées. C’est sur la base de ce constat que l’ARS Hauts-de-France a récemment initié un projet d’Amélioration des SoinS d’URgence en Ehpad (ASSURE), porté par le Groupe Hospitalier Loos-Haubourdin et sa directrice Séverine Laboue.

Déployée durant 2 ans, cette initiative repose sur une sensibilisation à la gestion des situations d’urgence. Courant novembre, les professeurs de gériatrie et de médecine d’urgence des CHU de Lille et d’Amiens formeront des binômes « gériatre-urgentiste » qui devront à leur tour former le personnel des Ehpad de la région. Une évaluation d’impact globale est attendue pour début 2020.


3 questions à Aline Queverue
Directrice adjointe de l’offre médico-sociale de l’ARS Hauts-de-France

Comment l’ARS décline sa politique régionale en fonction des spécificités territoriales ?

Au-delà de l’hétérogénéité en ce qui concerne nos taux d’équipement, il existe 2 spécificités dans les Hauts-de-France. Nous sommes d’abord dépendants plus tôt par rapport à la moyenne nationale ; cela se remarque avec l’âge d’entrée dans l’APA. Ensuite, nous sommes à âge égal plus dépendants que le reste de la population.

Mais ce n’est pas parce qu’on est plus dépendants plus tôt qu’il n’y a pas de solutions apportées. Nos taux d’équipement sont par exemple supérieurs à la moyenne nationale et au-delà de cette question quantitative, notre territoire bénéficie d’une offre diversifiée.

Notre politique régionale repose donc sur la réduction des inégalités territoriales et sur l’accès aux réponses pour tous. Nous avons en cours un travail de finalisation de la couverture territoriale via la coordination des structures complémentaires des Ehpad, telles que les services à domicile et les MAIA.

Quels sont les objectifs fixés pour les 2/3 ans à venir ?

On constate que la grande dépendance se rapproche de plus en plus du soin et que les besoins en soin sont de plus en plus importants. Sur les bases de ces constats, l’ARS a défini 2 orientations d’actions. La première consiste au renforcement des moyens dans les établissements. Cela se traduit par une politique volontariste d’accélérer la convergence tarifaire soin pour les Ehpad les plus en difficulté. Nous avons également beaucoup échangé avec les 5 départements, qui ont joué le jeu pour mettre en place le mécanisme national de neutralisation de la convergence dépendance dès le début de l’année.

Notre second axe est de continuer à améliorer la qualité et la sécurité des soins. Je dis bien continuer parce que nous sommes parfaitement conscients de la vigilance et parfois même de la dévotion des professionnels. Pour mieux les accompagner, nous orientons le volet formation vers certains thèmes. Nous finissons par exemple de déployer des formateurs-relais qui forment des Ehpad sur la prévention du risque suicidaire des résidents.

Tout le monde évoque à plus long terme l’Ehpad de demain. Comment se dessine-t-il dans les Hauts-de-France ?

Pour nous, l’Ehpad de demain est d’abord un Ehpad moderne, doté d’un système d’information performant aussi bien dans le suivi des résidents que dans le partage de dossier avec le médecin généraliste ou en cas d’hospitalisation. Nous avons également déployé le portail d’orientation Via Trajectoire dans 3 territoires et allons continuer dans ce sens.

L’Ehpad de demain est également ouvert sur la cité, c’est-à-dire un lieu et des professionnels « ressources » pour le territoire. On voit alors avec intérêt l’ouverture des actions de prévention de la Conférence des financeurs aux Ehpad.

Le troisième aspect est bien sûr un Ehpad qui joue pleinement son rôle dans le parcours de la personne. Nous avons à cet égard déployer des astreintes d’IDE de nuit mutualisées, comme cela est aujourd’hui encouragé au niveau national.


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