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6 juillet 2022

Quelle évolution des missions
du médecin coordonnateur ?

Alors que la Feuille de route sur la médicalisation des Ehpad se décline progressivement, les médecins coordonnateurs pourraient voir leurs missions évoluer dans les prochains mois. Plusieurs groupes de travail planchent actuellement sur le sujet.

Devant les besoins de plus en plus importants des résidents dont l’état de santé et l’autonomie ne cessent de se dégrader, il est évident que le secteur des personnes âgées doit évoluer. C’est d’ailleurs tout l’objectif de la Feuille de route sur la médicalisation des Ehpad présentée le 17 mars dernier, dont la mise en œuvre est assurée par la DGCS et la DGOS, sous la houlette de Claude Jeandel, président du CNP de gériatrie et Marc Bourquin, conseiller stratégique à la FHF. Parmi les grands objectifs de cette Feuille de route : l’évolution des missions de plusieurs piliers de l’Ehpad.

Si la création tant attendu d’un statut pour les Idec est en bonne voie, la profession de médecins coordonnateurs est également au centre des réflexions. L’instruction budgétaire du 27 avril prévoit une augmentation substantielle de la rémunération de la profession, même si celle-ci se situe en dessous des attentes du secteur. « Cette évolution devait être de 513 euros nets par mois tous secteurs confondus. En réalité, il ne s’agit que d’une augmentation brute de 517 euros et ne concerne pour l’instant que le secteur public. Ce n’est pas comme cela que nous allons rendre la profession plus attractive », affirme Nathalie Maubourguet, présidente de la FFAMCO. Publié le même jour, un décret vise également un temps de présence minimum augmenté de façon significative. Le texte prévoit en effet que pour les Ehpad disposant de moins de 44 places, ce temps de présence passe de 0,25 à 0,40 ETP. Et dans ceux de 60 à 99 places, la valeur de 0,50 ETP est remplacée par 0,60 ETP. Les Ehpad de 100 à 199 places passent, quant à eux, de 0,60 ETP à 0,80 ETP. Une bonne nouvelle donc mais qui n’est pas sans poser de question. « En raison du manque de professionnels, il faut craindre que des médecins qui arrivaient à se partager sur plusieurs établissements soient désormais contraints d’en abandonner certains, ce qui va contribuer à augmenter le nombre d’Ehpad sans aucun médecin coordonnateur », observe Pascal Meyvaert, président du SMCG-CSMF.

Les médco pour remplacer les médecins traitants ?

Mais la Feuille de route ne concerne pas uniquement le statut de la profession. Elle entend également faire évoluer les missions du médecin coordonnateur pour tenir compte de cet environnement en pleine mutation. Plusieurs groupes de travail sont programmés dans ce cadre, dont le premier s’est tenu à distance le 13 juin et a rassemblé une grande partie de la profession.

Selon le professeur Jeandel, nous assistons aujourd’hui à une véritable pénurie de médecins traitants en Ehpad comme dans le reste de la société. Certains établissements ne trouvent pas de médecins traitants et ceux qui sont présents sont souvent trop peu disponibles. Le phénomène n’est pas nouveau et le décret de 2019 avait fait évoluer la possibilité de prescrire du médecin coordonnateur en situation d’urgence pour faire face à cette pénurie. « Nous souhaitons aller plus loin mais pas n’importe comment. Il s’agit en effet de donner la possibilité aux médecins coordonnateurs de prescrire, mais dans le cadre d’un contrat distinct du contrat de coordination qu’il assume déjà ». Une option qui est encore loin d’être partagée par les représentants de la profession très inquiets de voir leurs missions de coordination progressivement abandonnées. « On ne peut pas gérer la pénurie de médecin traitant en confiant cette mission de prescription au médecin coordonnateur dont la première fonction est de coordonner. La coordination est un soin à part entière ! Cette tendance pourrait d’autre part conduire à une certaine confusion, ce qui découragerait les futurs médecins coordonnateurs d’exercer cette profession », affirme Gaël Durel, vice-président de MCOOR.

Pour faire face à la pénurie de médecins coordonnateurs, on pourrait aussi envisager de permettre à d’autres acteurs comme les Idec ou les IPA d’assumer certaines tâches du médecin coordonnateur. Mais tout ceci reste encore à définir. Les groupes de travail devraient donc se poursuivre dans les prochaines semaines avec un décret programmé pour la fin de l’année. La suite au prochain épisode.


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