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16 octobre 2014

Le Rapport Laroque réédité

Publié en 1962, le rapport Laroque apparaît un demi-siècle plus tard comme un totem des politiques gérontologiques en France. A la faveur de sa réédition, il est temps de s’interroger : la « politique de la vieillesse » a-t-elle atteint ses objectifs ? Les constats du rapport sont-ils encore d’actualité ?

Le Rapport Laroque est au cœur d’un paradoxe : tout le monde en parle mais… personne ne l’a lu ! Il faut donc saluer l’initiative de la coopérative Effiscience et des éditions L’Harmattan qui ont décidé de rééditer ce monument des politiques sociales.

Un monument… historique

Considéré comme le « père » de la Sécurité sociale en 1945, Pierre Laroque (1907-1997) est également l’auteur d’un rapport qui a fait date sur la situation des personnes âgées. Au début des années 1960, le conseiller d’Etat pousse un cri d’alarme : il alerte l’opinion sur le mal-logement des personnes âgées, sur leur isolement mais aussi sur la situation de grande pauvreté dans laquelle se trouvent nombre de retraités.
Un cri d’alarme qui donnera lieu à de véritables évolutions. Les pouvoirs publics revalorisent très nettement le niveau des retraites tout au long des années 60 et 70. Des logements-foyers sont construits par les CCAS. Et les clubs du 3ème âge connaissent égalent une forte progression.
50 ans après, le Rapport Laroque a perdu évidemment de sa pertinence sur certains sujets. Avec 600 000 personnes au minimum vieillesse sur 15 millions de retraités, il n’est plus possible d’assimiler vieillesse et pauvreté. Avec 75% des seniors qui sont propriétaires de leur logement, il est évidemment que les retraités ne sont pas la catégorie sociale la plus mal logée. De ce point de vue, donc, les constats du rapport Laroque ont pris un coup… de vieux !
L’isolement social, en revanche, reste une problématique contemporaine. D’après la Fondation de France, près d’un tiers des personnes âgées se trouverait en situation disolement relationnel.

Une page nouvelle

Dans son rapport, Pierre Laroque appelait à appréhender les problématiques liées au vieillissement de façon globale : « La politique de la vieillesse ne se suffit pas à elle-même. Elle n’est et ne peut être qu’un aspect d’une politique plus large, tendant à assurer un aménagement harmonieux de l’ensemble de la société […] ».
Dans ce cadre, le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement, actuellement discuté au Parlement, poursuit l’objectif assigné par Pierre Laroque. Pour la première fois, une loi appréhende le phénomène globalement et de façon panoramique.
Tant pis si, pour analyser le rapport Laroque, l’éditeur a choisi Rolande Ruellan directrice de la CNAV en 1990, Anne-Marie Guillemard, auteur de « La Vieillesse et l’Etat » en 1980 et Bernard Ennuyer, soit des spécialistes plus tournés vers le XXème siècle que vers le XXIème. Ce n’était peut-être pas le meilleur moyen de souligner la modernité du rapport Laroque…
Mais l’essentiel est ailleurs : il est dans la capacité que nous avons désormais de pouvoir lire un document dont beaucoup parlaient sans le connaître. Il montrera que les rapports ne sont pas que de vains outils puisqu’ils sont parfois, comme celui-ci, suivis d’effets. Mais il ne faut pas non plus extrapoler outre mesure : le rapport Laroque date de 1962 et passer son temps à expliquer que, depuis, au fond rien n’a changé est un discours aussi faux que passéiste.


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