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19 octobre 2017

Stop à l’Ehpad bashing !

Alors que les Ehpad pensaient avoir fait du bon boulot depuis 15 ans, les voilà de nouveau confrontés au feu des critiques venant autant des médias (la diffusion notamment ce soir de l'émission Pièces à conviction) que de certains responsables politiques. Il est temps de dire « stop » à cette tartufferie généralisée qui, sous la forme d’un « Ehpad bashing », discrédite à peu de frais des centaines de milliers de professionnels et instille un doute malsain dans l’esprit de centaines de milliers de familles.

A l’évidence, depuis l’été dernier, les Ehpad en prennent de nouveau « plein la gueule » ! Comme si médias et politiques avaient décidé de remettre continuellement une pièce dans la machine à baffes qui, entre saillies politiques démagogiques et reportages journalistiques à l’éthique douteuse, ne cesse de vouloir discréditer la qualité des maisons de retraite.
Que les personnels soignants soient en nombre insuffisant dans les 6.000 Ehpad de France. Que la seule vision de la vieillesse, de la dépendance, de la mort charrie son lot d’angoisses et d’inquiétudes. Que la qualité des établissements demeure ici ou là perfectible. Soit. Tout le monde le reconnaît.

Une drôle de conjonction
entre des médias fainéants et des politiques démagos.

Mais que le travail de centaines de milliers de professionnels soit jeté en pâture et que ces hommes et ces femmes, du directeur à l’aide-soignante, de l’infirmière au cuisinier, de l’agence de service à l’animatrice, soient désormais, avec un tel systématisme, accusés d’être complices ou auteurs de « maltraitance institutionnelle », cela suffit !
La réalité est que nous vivons depuis 4 mois une drôle de conjonction entre des médias fainéants et des politiques démagos.
Qu’il s’agisse de l’article de Florence Aubenas dans Le Monde cet été ou de l’exécrable reportage diffusé ce soir dans l’émission « Pièces à Conviction », seule la voix des syndicalistes critiques est entendue. Non qu’elle ne doive pas l’être. Mais elle l’est sans recul, sans aucun sens critique, sans la moindre expertise en retour. En juillet, une syndicaliste de Foucherans s’exclame : « on ne les met pas au lit, on les jette », cette exclamation devient la « une » du Monde. Cette même syndicaliste, qui aura été quelques mois à peine AMP dans cet Ehpad, explique à France 3, des sanglots dans la voix, « qu’on a 3mn41 » pour coucher les résidents, le journaliste prend cette information au pied de la lettre comme si la parole de cette syndicaliste proche de La France Insoumise constituait une « statistique » incontestable. Au demeurant, cette syndicaliste ne l’est déjà plus : arrivée dans l’établissement à peine quelques mois avant de déclencher la grève, elle en est déjà partie depuis, sa fiche « Linkedin » indiquant qu’elle est désormais … « écrivain ». Elle prépare en effet un bouquin… sur la grève de l’Ehpad de Foucherans. Comme quoi, même ici, il n’y a pas de petit profit.
Le journaliste de « Pièces à Conviction » ne s’est pas foulé. Après être allé interroger des grévistes de Foucherans qui tiennent évidemment le discours « pas suffisamment de personnel = maltraitance institutionnelle », le journaliste est allé ensuite à la rencontre de deux autres syndicalistes CGT du groupe Korian qui ne travaillent plus depuis des mois dans un Ehpad mais qui font désormais métier d’aller parler dans tous les médias pour dire à quel point on maltraite dans les maisons de retraite. Et là encore, le journaliste, trop content de pouvoir jouer le Zorro qui épingle des grands groupes privés, répète avec une complaisance qui frise le malaise et une malhonnêteté intellectuelle qui dépasse l’entendement, tous les poncifs qui, au final, donnent un tableau effrayant de la vie en Ehpad.
France 2, quelques semaines avant, dans le JT de 20h du 19 septembre, avait joué sur les mêmes ressorts. Les journalistes étaient entrés dans des établissements en caméra cachée comme pour mieux montrer que ces établissements (un public, un associatif, un commercial) avaient potentiellement quelque chose à « cacher ». Là encore, tout est fait pour mettre l’accent sur des résidents quasiment laissés à eux-mêmes faute de personnel.
Mais la presse surfe sur une parole politique qui depuis juillet dernier a fait des Ehpad une cible privilégiée. La France insoumise, via les députés Caroline Fiat (ancienne aide-soignante chez Korian) et François Ruffin, ont particulièrement taclé les Ehpad ce dernier évoquant même des « usines à vieux ». Mais la palme revient à Caroline Fiat qui s’est exprimée en ces termes le jour où elle s’adressait à des députés LREM : « Je n’ose espérer que vous soyez maltraité dans un Ehpad si un jour vous y entrez. Quand vous verrez le personnel soignant pleurer en vous maltraitant, je vous rappellerai que vous avez soupiré ». Et de poursuivre : « Certains se suicident parce qu’on leur demande de maltraiter des êtres humains ». Un sens terrifiant de la nuance…
Voilà l’image que des parlementaires ont décidé de colporter à l’intérieur même de l’Hémicycle : les Ehpad, des lieux où les personnes âgées sont maltraitées et où les personnels pleurent et se suicident.
Alors quand on apprend début octobre que Caroline Fiat sera co-rapporteure de la mission d’information sur les Ehpad en compagnie de Monique Iborra – déjà responsable de la mission « Flash » qui n’a pas été pour rien dans le sentiment diffus que quelque chose n’allait décidément pas en Ehpad – on a le droit de s’inquiéter.
Du coup, l’ambiance est explosive. Rien qu’en septembre et octobre, l’Ehpad de la Chenaie à Rouffiac-Tolosan (Haute-Garonne), les Capucins à St Brieuc, la « Bourdette » à Astaffort, l’Ehpad public de Satillieu en Ardèche, celui de Gimont dans le Gers – et on en oublie – ont entamé des mouvements de grève ou de protestations. Chaque jour, dans la presse quotidienne régionale, on constate des mouvements dans les Ehpad.
Et pendant ce temps-là, l’Etat se tait. L’absence d’un(e) Secrétaire d’Etat aux personnes âgées commence à se faire cruellement sentir tant le silence d’Agnès Buzyn sur les personnes âgées devient gênant. C’est à elle aussi qu’il appartient de défendre les 6.000 directeurs d’Ehpad. C’est sur elle que devraient compter les 350.000 salariés qui œuvrent au quotidien en maisons de retraite. On ne peut pas conduire une réforme qui a pour conséquence de diminuer les ratios de personnel dans 15% des Ehpad et, de ne pas les augmenter beaucoup dans les 85% restants, et se taire quand une presse à sensations ou des députés démagos s’essuient les pieds sur les Ehpad, qu’ils soient d’ailleurs publics ou privés.
Les Ehpad ne doivent pas être au dessus des critiques, des enquêtes et de remontrances. Mais ils ne peuvent pas non plus s’en prendre plein la gueule en lieu et place de tous ceux qui ont décidé que la grande vieillesse n’était pas une priorité politique.
C’est pourquoi, vous, professionnels, vous devez dire désormais : « ça suffit » !


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