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20 avril 2017

Usagers, salariés et fédés se sont rencontrés au Sénat

A l’invitation de Dominique Watrin, sénateur du Pas-de-Calais et co-auteur du rapport de 2014 sur l’aide à domicile, syndicats et associations ont participé le 9 mars à une rencontre nationale dédiée « à l’urgence d’un juste prix » pour le secteur. L’occasion de débattre mais surtout de partager des constats. Pour quelles suites ?

Une initiative inédite dont l’objectif affiché est de porter un socle commun de propositions en direction des politiques… qui est elle-même organisée par des politiques. En cette période électorale, le groupe communiste, républicain, citoyen (CRC) du Sénat a voulu mobiliser sur un sujet qui ne déplace pas souvent la foule des journalistes. Pari à moitié gagné puisque seule la presse spécialisée, à l’exception notable de L’Humanité, avait fait le déplacement. Mais pari à moitié réussi aussi puisque la salle était pleine de représentants des usagers -fait rare pour ce type de rencontre-, de syndicats de salariés, de responsables de structures et de représentants des fédérations associatives. Tout ce petit monde a dialogué une après-midi durant.
« Que les choses soient claires : je ne demande à personne ici de se rallier à quiconque ». Après avoir rappelé les combats du groupe CRC lors de la discussion de la loi ASV, notamment en faveur d’un tarif national de référence, Dominique Watrin a voulu désamorcer le caractère quelque peu orienté de la rencontre, à laquelle participaient en effet plusieurs élus communistes. « Notre ambition commune est de porter plus haut et plus fort les constats partagés de ce secteur auprès des pouvoirs publics » a tranché le sénateur. Et en effet, les interventions se sont succédées dans un relatif consensus sur les difficultés du secteur de l’aide à domicile.
Des difficultés réelles… mais gare à la généralisation
Intervenant au nom de 9 syndicats et associations de retraités, Sylviane Spique s’est prononcée en faveur de « droits identiques sur tout le territoire » et d’un « grand service public de l’aide à l’autonomie ». Elle a insisté sur « le choix économique qui prévaut » dans la demande d’aide, au détriment du fameux « libre choix » et avec pour conséquence parfois un renoncement à l’aide. « Tout est affaire de choix politique » s’est-elle exclamée, tout en affirmant qu’il est temps de rendre plus positive l’image de l’aide à domicile, atout économique et source d’emplois non délocalisables.
La majorité des prises de parole n’a pas vraiment abondé dans ce sens… Une auxiliaire de vie a pris la parole pour dire que « le service public régresse » et que « le progrès social est le grand absent » de la campagne électorale. La porte-parole des syndicats de salariés, Nathalie Delzongle, a dépeint un tableau très noir : non respect des accords de branche, stress, plannings gruyère et horaires à rallonge, et on en passe… Du vécu, indéniablement, des difficultés réelles, mais qui auraient sans doute gagné à ne pas être autant généralisées…
Une plateforme commune à venir ?
Car le souhait des salariés est aussi de montrer que leurs métiers sont « avant tout une richesse pour la société, et pas seulement un coût ». Or, pour faire passer ce message, mieux vaut ne pas sombrer dans la caricature. Ce sont Guillaume Quercy, président d’UNA et Julien Mayet, président de l’USB-domicile, qui sont venus le rappeler. « Statut ne fait pas vertu » a rappelé G. Quercy, qui ne s’est pas « complètement reconnu » dans les discours. Tout comme J. Mayet, qui a jugé que cela « n’apportait rien au secteur ». Ils ont tout deux rappelé à quel point les acteurs du domicile sont des éléments essentiels pour promouvoir une société inclusive et solidaire, sans sacrifier aux critiques envers les Départements qui ne respectent pas la loi et à l’alerte quant à l’urgence de réformer le système.
C’est bien à ce propos que les acteurs étaient -réunis et Dominique Watrin s’est prononcé en faveur du développement des SPASAD, d’un regard des Conseils départementaux sur le respect des conventions collectives dans le secteur via les CPOM (« Ils ne peuvent pas rester neutres ») et enfin d’un 5e risque, qui serait contenu au sein de la branche maladie. Il a surtout réitéré sa proposition d’un tarif national à 25 euros, urgence des urgences. Une base pour préparer une plateforme commune, au ton positif, dont le principe a été accepté par les participants, sous réserve de discussions ultérieures sur le texte commun. Ce dernier n’a pour le moment pas filtré. Verra-t-il le jour ?


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