Actualités
2 mars 2022

Vaccination : ne manquer aucun rappel…

Au-delà de la Covid et de la grippe, les résidents peuvent contracter en Ehpad de nombreuses pathologies. Petite revue des rappels vaccinaux à ne pas négliger pour limiter les risques.

Alors que l’on parle beaucoup de la vaccination des résidents contre la Covid, ou encore contre la grippe, de nombreuses maladies peuvent être évitées grâce à une politique de vaccination efficace et ne sont pas toujours dans le visexur des médecins coordonnateurs, d’où la nécessité pour eux de tenir un calendrier précis sur ce sujet et de ne négliger aucune pathologie. « Ceux qui exercent en ville sont souvent informés par les laboratoires, mais les médecins dont l’activité se limite à de la coordination des soins en Ehpad doivent aller chercher les informations », précise Christelle Joseph, médecin coordonnateur dans plusieurs Ehpad des Hauts-de-France.

Pour ce qui est de la Covid, les taux de vaccination chez les résidents et les personnels ont été, sans surprise, très élevés cette année. « Une quatrième dose n’est pas encore à l’ordre du jour, mais si les taux de contamination restent très importants et si des sous-variants apparaissent, alors il faudra envisager une quatrième dose pour continuer à protéger les résidents dont l’immunité aura baissé », affirme Gaétan Gavazzi, professeur de gériatrie au CHU de Grenoble et infectiologue.

Pour ce qui est de la grippe, les taux de couverture vaccinale ne sont pas encore connus, mais semblent être en recul par rapport à l’année dernière, pas forcément pour les résidents, mais surtout chez les professionnels dont beaucoup ont refusé la vaccination simultanée contre la grippe et la Covid. Forcément, comme la deuxième est devenue obligatoire, la grippe en a fait les frais. Le professeur Gavazzi précise par ailleurs qu’il est désormais prôné de procéder à une vaccination grippale à haute dose, car elle offre une protection bien plus grande.

Attention au pneumocoque

Au rayon des vaccinations moins connues, il faut tout d’abord évoquer celle contre le pneumocoque qui est très peu suivie en Ehpad. Elle ne concerne que 20 % des résidents en raison d’un schéma de vaccination complexe (deux doses espacées de 8 semaines avec des vaccins différents), mais aussi par ce que les médecins n’y pensent pas. Pourtant, les risques sur les résidents sont très importants. . « Ce risque concerne les personnes âgées atteintes de cancer, de problématiques cardiaques, de diabète ou immunodéprimées. Etant donné que les résidents en Ehpad souffrent bien souvent de poly pathologies, 90 % d’entre eux sont concernés. »

Même chose pour ce qui est de la coqueluche. Ici, il n’y a pas de recommandations basées sur l’âge. La vaccination vise avant tout la protection des jeunes nourrissons (Stratégie du cocooning) car ces derniers peuvent contracter la maladie s’ils ne sont pas vaccinés, c’est-à-dire avant d’avoir atteint l’âge de quatre mois. Il est évidemment peu probable que des résidents rencontrent des jeunes nourrissons durant leur séjour en Ehpad, mais ce n’est pas impossible, d’autant que les professionnels sont eux aussi concernés par cette vaccination. « A l’échelle européenne, une indication de revaccination est prônée, mais celle-ci n’est pas vraiment suivie en France, alors que, selon moi, la vigilance devrait être de mise, et la revaccination se discuter en fonction de l’épidémiologie de la coqueluche », précise le professeur Gavazzi. S’il est inutile de -s’attarder sur les cas d’hépatite A ou de poliomyélite, les risques de contracter les tétanos réclament la plus grande attention. « Cette maladie peut présenter un vrai risque pour les résidents en Ehpad et les rappels pour la population générale doivent avoir lieu tous les dix ans, à partir de 65 ans. Etant donné que ces rappels ne sont presque jamais réalisés, il convient de procéder à la vaccination dès l’entrée en établissement ». Une vigilance que partage Christelle Joseph : « les résidents peuvent clairement l’attraper en manipulant la terre, notamment avec la multiplication de toutes les activités autour des jardins. Personnellement, en l’absence de carnet de santé, je vaccine systématiquement mes résidents. » Enfin, une attention particulière doit être portée aux risques de zona qui peut avoir des effets délétères sur les personnes âgées. Même si le nombre de cas reste très faible, en particulier en Ehpad, il n’y pas de suivi de maladie, ni de couverture vaccinale.

Pour le professeur Gavazzi, étant donné la faiblesse de la politique de vaccination de la personne adulte en France, il y a relativement peu de communication sur ces différents vaccins. « La meilleure manière de faire pour le médecin coordonnateur est de dresser un vrai bilan vaccinal à l’entrée en Ehpad et de mettre en place une politique interne de suivi pour ne manquer aucun rappel. »


Retour aux actualités